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Manque de personnel à la prison de Luynes : "Allez dans la gueule du loup et démerdez-vous" 3min
Par Joey Temple04/03/2025 à 19:00
Ce matin, mardi 4 mars, 61 agents pénitentiaires ont refusé de commencer leur service. Ils dénoncent un sous-effectif et des conditions de travail intenables. La direction et les syndicats ont eu une réunion, mais aucune solution pérenne n'a été mise sur la table pour l'avenir du centre pénitentiaire.
Le centre pénitentiaire d'Aix-Luynes a tourné au ralenti ce matin. En constatant, une nouvelle fois, un sous-effectif pour la journée, les 61 agents de la détention ont décidé de ne pas prendre "les clés", autrement dit de ne pas travailler. Ils dénoncent des conditions de travail invivables et évoquent une insécurité insupportable.
À la prison de Luynes, la capacité d’accueil est de 1300 places. Actuellement, on compte pourtant 1980 détenus. Une surpopulation carcérale ingérable pour des agents en sous-effectif. "Quotidiennement, on a des agents qui sont agressés physiquement et verbalement. On a des agents qui viennent en détention la journée, on ne sait pas comment ils vont rentrer le soir. Est-ce qu'ils vont devoir aller aux urgences ? Et s'ils vont aux urgences, le lendemain matin, il faut quand même qu'ils reviennent travailler", s'insurge Amandine Cordier, officier et représentante du syndicat Ufap justice.
"C'est ça la considération qu'on a ? C'est allez dans la gueule du loup et démerdez-vous..."
Amandine Cordier, officier et représentante du syndicat Ufap justice.
Avant même de parler de bien-être au travail, les agents demandent surtout de la sécurité. Sécurité pour les agents, comme pour les détenus, "les deux sont liées" assure Cyril Huet-Lambing, secrétaire adjoint du syndicat SPS-CEA. Mercredi 27 février dernier, un détenu de 19 ans est décédé de ses blessures après avoir été très violemment agressé par trois codétenus lundi dans la cour de promenade. Un drame qui ne semble pas suffire à faire bouger les choses.
Les agressions au sein de la prison font peser un climat d'anxiété chez les agents. Ludovic, surveillant au parloir famille, avoue vérifier en partant du travail s'il n'est pas suivi. "Je jette toujours un regard dans le rétroviseur", étaye-t-il avant d'avancer un autre exemple. "Quand je vais faire des courses, je regarde tout le monde. Si je croise une famille (vue au parloir) je me dis 'est-ce-qu'ils sont là parce qu'ils font leurs courses ou est-ce qu'ils sont là pour savoir où je suis ?""
Face à la mobilisation des agents ce matin, une réunion a été déclenchée avec la direction. Les agents protestataires ont petit à petit repris le travail aux alentours de midi, même si la réunion n'a pas été concluante pour les syndicats. "Il n'y a pas de solutions pérennes" sur la table. Pour le moment, seul un renfort temporaire a été acté pour soulager les personnels cet été. Les syndicats ne ferment pas la porte à de nouvelles mobilisations.
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