C'est un signal fort envoyé aux armateurs du monde entier qui transitent par le port de Marseille-Fos, le "premier port de France" avec notamment 70,5 millions de tonnes de marchandises traitées en 2024. Le 27 novembre 2025, le parquet de Marseille a conclu trois conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP) pour sanctionner des atteintes graves à l'environnement commises dans les eaux des Bouches-du-Rhône.

Derrière ces termes juridiques se cachent des pratiques écologiques désastreuses, révélées par des contrôles pointus, incluant l'usage de "drones renifleurs".

 

72 millions de litres d'eau souillée déversés par un seul navire

Le cas le plus spectaculaire concerne le tanker Kriti King. Battant pavillon du Libéria et transportant du pétrole brut, ce géant des mers est arrivé à Fos-sur-Mer en février 2024.
Les contrôles ont révélé qu'il avait utilisé un carburant trop riche en soufre, mais surtout qu'il avait activé son "scrubber" en boucle ouverte à moins de 3 milles des côtes.

Ce dispositif, censé laver les fumées d'échappement, rejette l'eau de lavage directement en mer. Résultat : le navire a déversé 72 400 m3 d’eau acidifiée, trouble et chargée en nitrates et métaux lourds. Soit l'équivalent de 72 millions de litres d'eau souillée relâchés directement dans notre écosystème. L'armateur devra payer 180 000 euros.

 

Fumées toxiques et rejets près du Parc des Calanques

Deux autres dossiers ont été traités :

• Le vraquier SM Roberts Banks (Pavillon Îles Marshall) : contrôlé à Fos en septembre 2023, il a rejeté 503 m3 d'eau polluée via son scrubber. Plus grave pour la santé des riverains : à quai, il a utilisé durant 1h30 un carburant dont la teneur en soufre était plus du double de la limite autorisée (0,21% contre 0,1%). L'amende est de 120 000 euros.

• Les rouliers italiens Jolly Vanadio et Jolly Palladio : le premier a mouillé trop près de la Côte Bleue et du Parc Marin, rejetant 453 m3 d'eau de lavage en 2022. Le second a été trahi par un drone qui a analysé son panache de fumée, révélant des taux de soufre explosifs. L'armateur écope de 165 000 euros d'amende.

 

Une menace pour les poumons et la mer

Le parquet de Marseille rappelle que ces pratiques ne sont pas anodines. L'utilisation de scrubbers en boucle ouverte "asphyxie les écosystèmes aquatiques", tandis que le soufre émis à quai présente "un risque de mortalité cardiaque et respiratoire accru pour les populations avoisinantes".

Face à ces comportements, la justice marseillaise prévient : les navires en infraction s'exposent désormais à une immobilisation immédiate lors de leurs escales, avec des pertes d'exploitation commerciales bien plus coûteuses que les amendes elles-mêmes.

 

 

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