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Au procès de la rue d'Aubagne, "plus de maman, plus de vêtement, plus rien"

3min

Par Maritima 19/11/2024 à 15:03

Le soir des effondrements des immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille, qui ont emporté sa mère, le petit El Amine "n'avait plus de maman, plus de vêtements, plus rien", a raconté au procès la professeure des écoles qui l'avait hébergé.

Présent au tribunal correctionnel de Marseille pour la première fois mardi, El Amine, désormais âgé de 15 ans, n'a pas souhaité s'exprimer mais a souri à la diffusion d'une photo de sa mère, Ouloume Saïd Hassani, à côté de lui, tout petit, sur un lit d'hôpital.

La professeure des écoles, Chloé Herszkowicz, a raconté cette journée du 5 novembre 2018, quand Mme Saïd Hassani, mère de cinq enfants, a accompagné son fils à l'école avant de retourner chez elle en coup de vent afin de récupérer un document pour un rendez-vous avec une instance chargée de lutter contre l'habitat indigne.

Mais à 09h07 le 65 rue d'Aubagne s'effondre sur elle et ses sept autres occupants. "Ca été une violence inimaginable, il est parti le matin avec son cartable et le soir plus de maman, plus de vêtement, plus rien", a décrit la professeure des écoles, qui a hébergé El Amine à plusieurs reprises après le drame.

 

Il voulait "rejoindre sa maman" en "se jetant sur les rails du métro"

 

Certains enfants, qui ont vu l'immeuble effondré en rentrant chez eux à la mi-journée ce jour-là, sont revenus et ont dit à El Amine: "Ta maman est morte". Mais le petit garçon de huit ans "a laissé des messages téléphoniques tous les jours" à sa mère dans les jours qui ont suivi, "espérant qu'elle finisse par répondre", a raconté la professeure des écoles. Le corps d'Ouloume sera le dernier à être retrouvé, le 9 novembre au soir.

La professeure des écoles comme le grand frère d'El Amine, Imane Saïd Hassani, ont évoqué les "crises" violentes de l'enfant après le drame, qui a "tout perdu", "son pilier", qui voulait "rejoindre sa maman" en "se jetant sur les rails du métro". "On n'avait pas de père, notre mère était à la fois une mère et un père pour nous, on se retrouve tous orphelins", a témoigné Imane Saïd Hassani.

Après 25 ans à Mayotte, Ouloume Saïd Hassani, 54 ans, s'était installée à Marseille en 2014. Venant de Paris, elle avait aimé "retrouver le soleil, la mer, les odeurs d'épices", a décrit son fils, et elle s'était "très vite intégrée".

Le procès des effondrements de deux immeubles insalubres rue d'Aubagne, qui a fait huit morts, doit se tenir jusqu'au 18 décembre.

 

© Agence France-Presse

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