C'est une photographie sans concession de la génération 12-30 ans. Dévoilé aujourd'hui, le Baromètre 2025 des inégalités ressenties par la jeunesse, réalisé par le tiers-lieu L’Ascenseur avec l’institut IFOP, met en lumière des fractures profondes. Entre difficultés d'accès aux soins, autocensure et sentiment d'injustice, les résultats interpellent, particulièrement dans les zones rurales et les quartiers prioritaires.

 

64% des jeunes trouvent la société "injuste"

Le premier enseignement de cette étude est le sentiment de défiance global. 64 % des jeunes interrogés jugent la société française injuste. Ce ressenti varie fortement selon le territoire. Si 53% des jeunes de l'agglomération parisienne partagent cet avis, le chiffre grimpe à 69 % chez les jeunes ruraux. Un fossé qui illustre la réalité vécue entre les grandes métropoles comme Marseille et les communes périurbaines ou rurales de notre territoire. Le genre joue aussi un rôle clé : 71 % des jeunes femmes trouvent la société injuste, contre 56 % des hommes.

 

Santé : un jeune sur deux renonce aux soins

C'est la nouveauté de cette édition 2025, qui a intégré un volet sur la santé mentale (Grande Cause nationale 2025). Le constat est préoccupant : près d’un jeune sur deux (44%) a déjà renoncé à une aide médicale ou psychologique. Là encore, les inégalités de genre sont marquantes : 50% des jeunes femmes ont déjà renoncé à des soins, contre 39% des hommes.

Pour Fréderic Dabi, directeur général de l’IFOP, ce nouveau baromètre "met en lumière la persistance de fortes disparités sociales et territoriales dans le ressenti des jeunes. L’ajout du volet santé révèle que ces inégalités se prolongent jusque dans l’accès à l’aide médicale ou psychologique".

 

Discriminations et autocensure

L'étude pointe également les freins à l'emploi et l'autocensure systémique.

• Peur de l'embauche : les jeunes issus des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) ont 1,6 fois plus peur des discriminations au moment d’intégrer le monde professionnel que les autres.

• Regrets d'orientation : 44% des jeunes souhaiteraient changer de voie si on leur donnait la possibilité de revenir en arrière (56% pour les jeunes filles de milieux populaires).

• Inégalités culturelles et sportives : les jeunes de milieux modestes sont 2,5 fois plus nombreux à ne jamais pratiquer d’activités culturelles. Dans le sport, un tiers des jeunes disent avoir subi des inégalités de traitement (46% pour les femmes des QPV).

 

Une génération qui s'engage

Malgré ce tableau sombre, la jeunesse ne reste pas passive. Le baromètre révèle que 66% des jeunes des quartiers prioritaires (QPV) passent à l’action en matière d’engagement associatif ou citoyen (contre 54% pour le reste de la population).

Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation BNP Paribas, partenaire de l'étude, souligne : "Les résultats montrent qu’une jeunesse engagée et porteuse d’avenir existe. Aujourd’hui, c’est notre responsabilité collective de lui donner les moyens d’agir."

 

D'après les résultats du Baromètre 2025 de L'Ascenseur / IFOP.