Entre les stages à Mallemort en Provence, Copenhague ou Rome, les colères contre l'arbitrage et les longues suspensions du président Longoria et de son bras droit Benatia, la saison marseillaise a été tourmentée. Mais l'OM n'a quasiment jamais quitté le podium et sa qualification pour la très lucrative et très convoitée Ligue des Champions semble donc méritée.

Elle est arrivée samedi, grâce au succès ramené du Havre (3-1) et aux défaites de Nice, Lille et Strasbourg, qui vont permettre aux Marseillais de boucler tranquillement leur saison samedi prochain contre Rennes au Vélodrome, pour une fête avec les supporters.

S'il peut apparaître comme logique au regard du budget de l'OM, le succès de cette saison est aussi un miroir de l'échec terrible de la précédente, que les Marseillais avaient terminée exsangues, à une désolante huitième place.

"Après une saison aussi décevante, il faut faire son autocritique. On a voulu démarrer un nouveau cycle en cherchant à donner au club la stabilité qui lui a manqué ces dernières saisons", avait ainsi déclaré Longoria avant Noël.

 

 

Coup de sang

 

L'idée du dirigeant espagnol, appuyé par Medhi Benatia, devenu depuis directeur du football, était de mettre en route un cycle de trois ans autour de De Zerbi, un coach visé l'été dernier par des écuries d'un calibre supérieur.

"C'est important de construire sur trois ans avec un coach puissant, capable d'incarner le leadership et ayant des valeurs très similaires à celle du club, de la ville et de nos supporters. Il partage l'ADN de l'OM", estimait ainsi Longoria en décembre.

De fait, tout au long de la saison, De Zerbi a rappelé qu'il était venu à Marseille pour la ferveur du Vélodrome. Son sang chaud et son exigence ont rythmé un exercice à un seul match par semaine qui n'a pourtant jamais manqué de rebondissements.

Dès le mois d'octobre, l'Italien innovait ainsi avec un stage à Mallemort, dans les Bouches-du-Rhône, où il a instauré des entraînements au lever du soleil. Les joueurs ont ensuite découvert Copenhague et Rome, où le groupe a passé deux semaines en fin de saison pour retrouver cohésion et envie.

 

 

Car rien n'a jamais été simple pour l'OM, qui n'avait pas énormément de marge sportivement sur ses rivaux (neuf défaites) et qui s'est parfois singulièrement compliqué la vie. "On s'est mis le feu tout seuls", résumait ainsi Benatia il y a un mois dans une interview à La Provence.

La grande affaire de la saison marseillaise aura été l'arbitrage. Après une rafale de cartons rouges reçus en début de saison, les dirigeants, de plus en plus tendus, ont réagi à chaque incident jusqu'à l'épisode d'Auxerre et à l'énorme coup de sang de Longoria.

 

 

Risque financier

 

Avant de revenir sur ses propos et de s'excuser dans une interview à l'AFP, le dirigeant espagnol, dans une colère noire, avait parlé de "corruption" dans le football français.

Mais ce spectaculaire coup de chaud s'expliquait aussi par la pression ressentie par l'état-major du club, conscient que la Ligue des Champions était indispensable à la poursuite du fameux "projet sur trois ans".

"Sans Coupe d'Europe, tout le monde comprend qu'il y aura un déficit. L'objectif est de le garder le plus bas possible tout en garantissant la construction du projet et les résultats sportifs", expliquait encore Longoria en décembre.

"L'OM est un club structuré économiquement autour d'une participation à la Ligue des Champions chaque année. Cette saison, on doit accepter d'être en déficit et on doit remercier Frank McCourt (le propriétaire du club, ndlr), qui comprend qu'il fallait prendre un risque financier", avait-il ajouté.

Ce risque était symbolisé par les recrutements de Pierre-Emile Hojbjerg, Mason Greenwood ou Adrien Rabiot. Rien ne garantit qu'ils seront encore là la saison prochaine, ce qui vaut aussi pour De Zerbi. Mais sans Ligue des Champions, il est à peu près certain qu'ils seraient partis et que le cycle de trois ans n'aurait pas dépassé son premier anniversaire.

 

 

Interviews Karim Attab maritima médias

avec © Agence France-Presse (par S. Touchot)