Plus de 47 000 nouveaux cas en 2023, 17 000 décès par an, 2e cancer le plus mortel chez les hommes, 3e chez les femmes. Des chiffres alarmants et pourtant le dépistage fait toujours de la résistance. Aujourd'hui, seulement 34% des 50-74 ans se font dépister. Alors, à l'occasion de Mars Bleu, le mois sur le cancer colorectal, la Fondation A.R.CA.D a appelé les jeunes à la rescousse avec une campagne #DepisteTesDarons. Des enfants qui poussent les parents à être plus responsables : “Si tu ne te dépistes pas pour toi, dépiste-toi pour moi !”

"Ça fait quelques années que je me désole malheureusement du peu d'adhésion des assurés à ces campagnes de dépistage, alors que c'est un cancer très fréquent, mais mal connu du grand public. On attaque du coup les choses sous un angle différent en essayant de convaincre les jeunes de l'intérêt de ce dépistage pour leurs parents ou grands-parents et qu'ils fassent passer le message", rapporte le docteur Jean-François Seitz, gastroentérologue à Marseille.

 

"C’est tellement facile de se faire dépister et tellement bête de ne pas le faire"

 

Pour sa campagne, la fondation A.R.CA.D a recueilli le témoignage de plusieurs enfants qui ont perdu un de leurs parents et qui évoquent le traumatisme laissé par la maladie de leur proche. "Mon père est décédé d’un cancer colorectal. Il est allé consulter seulement après l’apparition de symptômes. Le diagnostic a été suivi d’une opération et d’un traitement mais le cancer était déjà très avancé. On n’imaginait pas pour autant que tout serait fini un an plus tard. Un simple test de dépistage peut vous faire gagner plusieurs années de vie, vous permettre de voir grandir vos petits-enfants et de nous accompagner, nous, enfants, un peu plus loin dans la vie", témoigne Matthieu.

"Mon père est décédé il y a quelques années d’un cancer colorectal non-dépisté.  Malheureusement, quand il a commencé à avoir des symptômes, il était déjà trop tard pour intervenir. C’est tellement bête de ne pas se faire dépister. C’est tellement facile, ça prend deux minutes. Il aurait probablement fallu que j’insiste plus auprès de mon papa, ça aurait peut-être changé l’histoire. Quand on aime quelqu’un on le retient, donc quand on aime quelqu’un on le pousse à se faire dépister", ajoute Pierre-Louis. Pour Clara, "C’est tellement facile de se faire dépister et tellement bête de ne pas le faire. Il n’y a que des bonnes raisons de ne plus attendre."

 

Le cancer colorectal tue chaque année 5 fois plus de personnes que les accidents de la route

 

Pour la Fondation A.R.CA.D, ce problème de santé publique a une solution "très simple pour limiter les risques : le dépistage. Un geste rapide et gratuit qui sauve des vies puisque détectés assez tôt, 9 cancers colorectaux sur 10 pourraient être guéris. Il est recommandé tous les 2 ans à partir de 50 ans.

"Le dépistage du cancer du côlon a une particularité, c'est qu'il dépiste surtout les lésions précancéreuses. Le test va être positif dans près de 4% des cas. Quand il est positif, on fait une coloscopie ciblée qui va permettre de trouver une fois sur deux un polype bénin que le gastro-entérologue va pouvoir enlever pour éviter l'apparition ultérieure d'un cancer. C'est un test simple, il suffit d'un seul prélèvement de selles, très performant et il reste boudé. Il y a une méconnaissance du sujet. Personne ne se sent concerné par ce cancer alors qu'il atteint autant les deux sexes. C'est un cancer qui tue presque autant de femmes que le cancer du sein et plus d'hommes que le cancer de la prostate. C'est vraiment rageant, car si le test était obligatoire, on pourrait sauver 10 000 vies par an", indique le docteur Jean-François Seitz.

Avec un taux de dépistage de 34,25%, la région PACA se place très légèrement au-dessus de la moyenne nationale, mais le classement au niveau des départements est très disparate : Hautes-Alpes 40,9%, Vaucluse 34,5%, Alpes-de-Haute-Provence 34,2%, Bouches-du-Rhône 32,5%, Var 31,9% et Alpes-Maritimes en queue de peloton avec seulement 31,5% de taux de participation. "En France, on a surtout un taux nettement inférieure à la moyenne européenne, notamment en Europe du Nord où il y a des taux de dépistage de 75% et plus", constate le gastroentérologue marseillais.

 

Une campagne qui mise sur l'humour

 

Pour que le dépistage du cancer colorectal devienne enfin un automatisme, la campagne de sensibilisation portée par la Fondation A.R.CA.D mise donc sur l’humour pour dédramatiser et sur la génération Z pour mobiliser son entourage. Pour chasser les tabous et toucher les jeunes, la Fondation a fait appel aux humoristes Nino Arial et Titoff et à l'animatrice et médecin Marine Lorphelin pour se mettre en scène dans des saynètes.

"Nous sommes convaincus, qu’aujourd’hui plus qu’hier, les jeunes jouent un rôle essentiel dans la santé de leurs parents. Avec humour, taquinerie ou sérieux, les 15-30 ans, grâce à cette campagne, aborderont de manière informée et décomplexée, le sujet du dépistage du cancer colorectal avec leurs parents ou grands-parents. #DépisteTesDarons, c’est la campagne intergénérationnelle sur le dépistage du cancer colorectal !", soulignent le Pr Thierry André et Ségolène de Retz, respectivement président et directrice générale de Fondation A.R.CA.D.

 

 

A noter que pour le lancement de la campagne Mars Bleu, un nouveau banc en mosaïque a été inauguré ce samedi 1er mars sur la corniche Kennedy à Marseille. Une course solidaire Mars Bleu organisée par la Ville de Marseille aura elle lieu le 9 mars prochain de 9h00 à 15h00.

 

 

crédit photos campagne Fondation A.R.C.A.D