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Amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône : la "bombe à retardement" sanitaire dénoncée par une plainte3min
Par Maritima 20/11/2025 à 09:33
Le sujet est explosif et touche à la santé de nos enfants. Une plainte contre X pour "mise en danger délibérée d'autrui" a été déposée hier à Marseille, dénonçant la présence d'amiante dans une douzaine d'établissements scolaires de l'académie Aix-Marseille.
Portée par des syndicats, des associations et des dizaines de parents, cette action en justice vise à alerter sur une situation jugée "alarmante". Invitée ce matin sur Maritima radio, l'avocate Maître Julie Andreu a détaillé les raisons de cette offensive judiciaire.
Des bâtiments vieillissants et un risque grandissant
Si la présence d'amiante est connue dans de nombreux bâtiments construits avant son interdiction en 1997, le danger s'accroît avec le temps. "Ce sont des établissements qui aujourd'hui présentent un état de dégradation, de vétusté", explique Maître Andreu. "Peut-être que les enseignants et les élèves n'étaient pas exposés il y a 20 ou 30 ans, mais là aujourd'hui, on a des établissements qui sont vieillissants".
Selon l'avocate, des alertes répétées de la part du personnel n'ont pas été suivies d'effets suffisants. "On a des enseignants qui ont fait des droits d'alerte, déposé des droits de retrait pour présence d'amiante dans les salles de classe, dans les salles de repos, et les collectivités territoriales et l'Éducation Nationale n'ont pas répondu aux obligations qui étaient les leurs".
Qui est visé par la plainte "contre X" ?
La plainte ne nomme personne en particulier mais vise plusieurs entités. "On ne vise personne en particulier, mais on vise plusieurs institutions", précise Maître Julie Andreu. Dans le viseur se trouvent :
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Les collectivités territoriales, propriétaires des bâtiments : les mairies pour les écoles maternelles et élémentaires, le Département pour les collèges et la Région pour les lycées.
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L'Éducation Nationale, en tant qu'employeur et responsable de la sécurité des élèves et du personnel.
"Une seule fibre suffit" : le danger invisible pour les enfants
Le cœur de l'inquiétude réside dans la nature même du danger de l'amiante, particulièrement pour les plus jeunes. "On est face à des personnes d'une catégorie vulnérable, on a des enfants de 3-4 ans", rappelle l'avocate.
Elle insiste sur un fait scientifique crucial : "On le sait, une fibre suffit, il n'y a pas de seuil pour développer une pathologie". Le drame de l'amiante est son effet à retardement : "On peut inhaler quelques fibres et développer dans 15, 20, 30 ans des pathologies, et ça sera extrêmement compliqué de relier la causalité".
Un "fléau" bien au-delà des écoles
Si la plainte se concentre sur le milieu scolaire, Maître Andreu rappelle que l'amiante reste un "fléau" omniprésent. Elle cite l'exemple du site industriel d'ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, où "l'amiante est extrêmement présent" et où "des pathologies se déclarent pour des expositions passées et se déclareront pour des expositions présentes". Un combat sanitaire loin d'être terminé.
🎧 Écoutez ici l'interview complète de Julie Andreu au micro de Didier Gesualdi
Retrouvez l'invité de la rédaction sur maritima radio du lundi au vendredi à 8h15 et 12h15 au micro de Didier Gesualdi
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