Invité sur Maritima, Laurent Poumarat, responsable du service santé-environnement à l'ARS, fait le point sur ce "tueur silencieux" et livre les gestes essentiels pour s'en protéger.

 

Un danger constant malgré des progrès notables

Le risque est bien réel. Sur la seule période de chauffe 2024-2025, l'ARS PACA a déjà recensé 52 épisodes accidentels, impliquant 178 personnes et ayant conduit à un décès. Si ces chiffres restent alarmants, Laurent Poumarat souligne les effets positifs des campagnes de prévention passées. "On constate sur les 15 dernières années qu'on a divisé par deux à peu près le nombre d'intoxiqués et le nombre de décès", explique-t-il.

Cependant, il met en garde contre tout relâchement : "Néanmoins, sur les cinq dernières années, on voit qu'on plafonne, c'est-à-dire qu'on n'arrive plus à baisser ce chiffre-là". La vigilance reste donc de mise.

 

Une mauvaise combustion, principale coupable

Le monoxyde de carbone se dégage "lorsqu'on est dans des conditions de mauvaise combustion", rappelle le spécialiste de l'ARS. Si le danger est maximal en hiver, il n'est pas exclusif à cette saison.

• En hiver : les principaux coupables sont les "appareils de chauffage individuel, les chaudières au gaz, les feux de cheminée, etc." mal entretenus ou mal utilisés.

• En été : des intoxications surviennent également, notamment avec "des personnes qui font des braseros ou des barbecues dans des pièces mal aérées", ou lors de l'utilisation d'appareils de bricolage thermiques (tronçonneuses, etc.) en intérieur.

 

Maux de tête, nausées : les premiers signes qui doivent alerter

Le plus grand danger du monoxyde de carbone est son caractère "insidieux", comme le rappelle Laurent Poumarat. "C'est un gaz que l'on ne sent pas, que l'on ne perçoit pas". Il est donc crucial de savoir reconnaître les premiers symptômes d'une intoxication : "Les premiers signes sont des maux de tête, la nausée".

Le risque est particulièrement élevé la nuit, car le gaz, plus lourd que l'air, "va avoir tendance à commencer à s'accumuler au niveau du sol". Des personnes peuvent alors être intoxiquées durant leur sommeil et se sentir "pas bien du tout le matin au lever".

 

Entretien, aération et détecteurs : les trois gestes qui sauvent

Face à ce risque, la prévention est la meilleure des protections. Laurent Poumarat insiste sur trois points essentiels :

1. L'entretien des appareils : "L'entretien pour les appareils de chauffage, qui est obligatoire" une fois par an, est le premier réflexe à avoir.

2. La ventilation permanente : "La bonne ventilation et l'aération des pièces de vie est vraiment primordiale". Il ne faut jamais obstruer les grilles d'aération. En cas de suspicion, il faut "aérer, ouvrir en grand toutes les pièces".

3. L'installation de détecteurs : Bien que non obligatoires partout, ils sont fortement recommandés. "Il faut s'équiper de détecteurs de monoxyde de carbone", insiste le responsable de l'ARS, qui note que les gens n'y pensent pas toujours pour les chaudières à gaz, pourtant source fréquente d'accidents.

En cas de symptômes, les bons gestes sont d'aérer immédiatement, d'évacuer les lieux et de contacter les services de secours (15, 18 ou 112).

 

🎧 Écoutez ici l'interview complète Laurent Poumarat au micro de Didier Gesualdi 

 

Retrouvez l'invité de la rédaction sur maritima radio du lundi au vendredi à 8h15 et 12h15 au micro de Didier Gesualdi