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Plus belle la vie sans HLM ? Bras de fer à Allauch autour de logements sociaux3min
Par Maritima 24/04/2025 à 12:30
Arrêté préfectoral contre pétition citoyenne: à Allauch, commune cernée par les collines de Pagnol, la volonté de l'Etat de construire des logements sociaux se heurte au maire, qui entend "préserver l'ADN centenaire" de ce bout de Provence utilisé par la série "Plus belle la vie".
Le bras de fer entre la préfecture et cette ville de 21.000 habitants est symptomatique des tensions prégnantes autour de la loi SRU en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), où seules 14 des 197 communes concernées atteignent le seuil requis de 25% d'HLM.
Si "le système dysfonctionne totalement", accuse-t-on au sein des services de l'Etat, le maire LR d'Allauch, Lionel de Cala, déplore lui une loi "plus du tout adaptée à la réalité de nos communes". Et l'élu de dénoncer auprès de l'AFP une "logique uniquement punitive", avec des pénalités de 1,3 million d'euros pour sa ville, où les logements sociaux ne sont que 7,5%.
Le 27 mars, le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, a signé un arrêté pour prendre la main sur une parcelle de 2.500 m2 de la commune afin d'y construire une quinzaine de logements sociaux. Quelques jours plus tard, Lionel de Cala répondait par une pétition en ligne, signée par plus de 6.200 personnes mercredi soir.
Si "l'enjeu de fond reste limité", concède le maire dans ce texte, il insiste sur l'importance de la "préservation du cadre et de la qualité de vie de sa commune".
"Le maire d'Allauch a une image tronquée de ce que sont les habitants du logement social", s'insurge Francis Vernède, directeur de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation abbé Pierre) en Paca: "Ce sont juste des gens qui ont des revenus modestes et qui ont besoin d'être aidés pour le logement", poursuit-il.
Pour lui, le préfet est simplement venu récupérer "un territoire perdu de la République".
"On paie la tranquillité"
"Avec 8% de la population française, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur représente 25% de la carence" face à la loi SRU, regrette Robin Hamadi, directeur de l'association régionale HLM Paca et Corse.
Selon lui, s'il est "complexe pour un maire de promouvoir le logement social auprès de sa population", c'est en raison de ce "raccourci systématique inconscient" dans lequel logement social équivaut à "délinquance et dégradation du cadre de vie".
"Quand vous posez la question à quiconque, l'administré de la ville d'Allauch ou de n'importe où ailleurs en France quasiment", la réponse est forcément qu'il s'agit de bâtiments "moches, des barres et des tours. (...) C'est l'image d'Epinal qu'on se traîne", se désole M. Hamadi.
Sur la place d'Allauch, où l'église, la mairie et le célèbre "Bar du Mistral" de la série (NDLR: depuis que le feuilleton a quitté le quartier marseillais du Panier) entourent une jolie fontaine ombragée, Benjamin Forbin, 65 ans, explique qu'il signera la pétition: il "ne faudrait pas qu'Allauch devienne comme certains endroits de Marseille !"
Ces logements "ne me dérangent absolument pas, à partir du moment où je n'habite pas à proximité", explique un autre habitant, préférant rester anonyme. "On paie la tranquillité, parce que c'est très cher" à Allauch, "et on est là pour vraiment être tranquille", poursuit cet autoentrepreneur de 39 ans.
"On ne peut pas faire du logement de la même manière" dans les grands centres urbains et à Allauch, insiste le maire: il "ne faut pas, à n'importe quel prix, vouloir remettre en cause ce qui fait l'ADN même de la commune depuis des centaines d'années".
Mais si la "tranquillité" est au "village", le travail lui est le plus souvent à la ville souligne Francis Vernède: "Tous les jours, les gens partent d'Allauch pour aller travailler à Marseille, pour aller récupérer des salaires parfois potentiellement conséquents".
Avec 240.000 demandeurs de logements sociaux en Paca, et seulement 21.000 attributions en 2024, l'urgence est de construire, insiste Robin Hamadi, insistant sur le fait que "les bailleurs sociaux savent faire maintenant des beaux immeubles" et "ont vraiment progressé ces 15-20 dernières années sur la gestion".
© Agence France-Presse (par F. Kyriakides)
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