Un nom célèbre au cimetière de Gignac

En se promenant dans le petit cimetière de Gignac-la-Nerthe, une tombe très simple peut attirer l'œil. Sur la plaque, on peut lire les noms d'André Pagnol, de son épouse Marie-Anne et de leur fille Marie-Jeanne. Cet André Pagnol n'est autre que le grand-père de Marcel Pagnol. Mais que fait-il ici ? Pour le comprendre, il faut remonter le temps, jusqu'à Paris et la Commune de 1871.

 

Le secret parisien du grand-père tailleur de pierre

André Pagnol était un artisan d'exception, un maître tailleur de pierre. Après les incendies qui ravagèrent la capitale pendant la Commune, chaque département fut sollicité pour envoyer ses meilleurs ouvriers afin de participer à la reconstruction. André Pagnol fut choisi pour représenter les Bouches-du-Rhône. "Il monte à la capitale, mais il monte seul, sans madame", précise Michel Métenier.

Et ce qui devait arriver, arriva. Le grand-père Pagnol noue une idylle à Paris. L'affaire aurait pu rester secrète, mais un compagnon de travail, rentré plus tôt à Marseille, vendit la mèche à l'épouse bafouée. Pendant près de 40 ans, le sujet resta tabou dans la famille.

Ce que raconte Marcel Pagnol dans ses mémoires :

"Il était resté maître maçon [...] et le curé lui avait proposé de construire une petite niche avec une vierge et des angelots dans la nouvelle église de Gignac."

 

Une vengeance ... 40 ans plus tard !

L'histoire ressurgit bien des années plus tard à Roquevaire, lors d'un repas d'anniversaire bien arrosé du patriarche. Poussé par sa femme, André Pagnol finit par avouer sa faute. "Oui, mais c'était il y a 40 ans, ça ne compte pas !", aurait-il plaidé. La réponse fut immédiate et sanglante. De rage, sa femme se jeta sur lui et lui planta ses dents dans l'épaule avec une telle force... qu'elle y laissa une dent !

Marcel Pagnol raconte lui-même la scène dans "Le Temps des secrets", décrivant le médecin de famille "armé d'une pince d'horloger" qui retire de l'épaule de son grand-père "la dent magnifique de ma grand-mère".

 

L'héritage de Pagnol dans l'église de Gignac

Après cette vie mouvementée, André Pagnol s'installe à Gignac-la-Nerthe pour ses vieux jours. Il y laissera une trace de son talent : dans l'église de la ville, reconstruite en 1895, il sculpte une petite niche abritant une Vierge et ses angelots, encore visible aujourd'hui.

À sa mort en 1913, il est donc inhumé dans la ville. Marcel Pagnol a alors 18 ans. Est-il venu à Gignac pour l'enterrement de ce grand-père au destin si romanesque ? "Madame Pagnol m'avait dit non, mais ça ne veut pas dire qu'il ne soit pas venu", conclut Michel Méténier. Le mystère reste entier, ajoutant une touche de poésie à cette incroyable histoire de famille.

Voir la vidéo de Michel Méténier qui raconte André Pagnol

Voir la vidéo de Michel Méténier invité dans La Famille