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Après les torches à répétition, Naphtachimie s'explique

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Par Joey Temple16/10/2024 à 19:00

Trois incidents techniques ont poussé l'industriel Naphtachimie à faire usage de la torche, une cheminée de 140 mètres considérée comme un organe de sécurité servant à évacuer les excédents de gaz produits. L'industriel a justifié ces récents épisodes de torchage. L'heure est désormais au bilan et aux investissements.

Depuis septembre, le chimiste a dû faire face à un défaut d'une carte électronique, entraînant un arrêt des unités et un premier épisode. Au cours du redémarrage, c'est de l'eau, détectée dans un analyseur, qui a causé le deuxième épisode à la mi-septembre. Enfin, l'épisode d'octobre, indépendant des deux premiers, relève d'un incident électrique. 

Quoi qu'il en soit, tous les habitants du pourtour de l'étang de Berre et même jusqu'à Marseille ont vu cette immense flamme, suscitant de nombreuses inquiétudes. "La torche, c'est impressionnant et bruyant, mais il n'y a jamais eu de risques liés à la sécurité", se veut rassurante Alexandra Loewenstein, directrice du site martégal. "Nous allons poursuivre nos actions dans le cadre de l'amélioration de la fiabilité des installations."

Pour éviter que de tels épisodes ne se reproduisent, Naphtachimie s'est engagée à réaliser des contrôles supplémentaires avant chaque démarrage des unités et va mettre en place une caméra infrarouge afin de mieux réguler l'injection de vapeur dans la torche, principale source de bruit. Ces épisodes d'une rare ampleur ont également attiré l'attention des autorités. Élus de Martigues et de Port-de-Bouc, Dreal (organisme d'État en charge de la surveillance des sites industriels) et préfet se sont mobilisés. Un arrêté a ainsi été pris, sommant l'industriel d'analyser et de traiter les causes de ces épisodes, mais aussi et surtout d'évaluer avec précision les impacts environnementaux et sanitaires des polluants émis.

"Nous avons eu des difficultés pour répondre aux habitants", explique Henri Cambéssédès, premier adjoint de Martigues. "C'est difficile d'avoir des informations, c'est pourquoi nous avons sollicité la Dreal, la préfecture et les associations de surveillance comme le Cyprès. Nous demandons qu'une commission de suivi soit mise en place. On souhaite aussi que soient créées des commissions institutionnelles et pédagogiques avec des représentants de la presse. La communication dans ces situations est primordiale. Il est indispensable de réunir les partenaires rapidement." Un message entendu par Naphtachimie. Des réunions en ce sens devraient donc voir le jour.


Et la pollution ? 


C'est la question que tout le monde se pose. Effectivement, les différents épisodes de torche ont entraîné des émissions de CO2, d'H2O et de COV (composés organiques volatils). Environ 100 tonnes de ces derniers ont été rejetées. Si la taille de la torche (140 mètres) permet de rejeter ces polluants très haut dans l'atmosphère et d'éviter ainsi toute retombée au sol, les potentielles conséquences inquiètent. "La zone agricole de Saint-Pierre est la voisine directe de la plateforme", explique une habitante. "Quelles vont être les conséquences sur la santé ?"

Une étude cadre, demandée par la Dreal et réalisée par un cabinet indépendant, va être menée afin de déterminer les risques pour la santé en se basant sur des critères d'inhalation et d'ingestion de produits. Des prélèvements seront donc prochainement effectués au sol puis analysés.

"Cent tonnes de COV émis, c'est énorme pour Lavéra", concède Jean-Philippe Peloux, représentant de la Dreal Paca. "Lors de gros événements comme celui-ci, nous prenons des mesures d'urgence par voie d'arrêté en demandant des analyses. Vu la hauteur des émissions, les polluants se décomposent, il ne devrait y avoir que peu de retombées au sol."

Un constat également corroboré par Atmosud Paca, organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air. "Je confirme que 100 tonnes, c'est beaucoup", analyse Sébastien Mathiot, chargé d'étude pour Atmosud. "Toutefois, nos observations au cours de ces épisodes n'ont pas montré une élévation des niveaux de pollution à 3 mètres du sol. Cependant, il faut bien reconnaître que ces pollutions ont été émises. La planète les a reçues." Reste donc maintenant à déterminer leur impact sur la santé. L'étude réalisée devrait être rendue publique. L'industriel s'y est engagé, élus et Dreal y veilleront.


Des syndicats inquiets


Dans un communiqué, la CGT du site s’inquiète de la vétusté des équipements. Pour elle, ces épisodes de torchage risquent d'être récurrents si "nos ateliers de production et notre centrale thermique ne retrouvent pas un niveau de fiabilité élevé, ce qui passe par des investissements massifs."

Présent lors de la réunion, Daniel Bretonès, représentant CGT a estimé que le nouveau délai entre deux grands arrêts, 7 ans au lieu de 5, n'était pas optimal pour des équipements âgés de 50 ans. Inquiet, il a assuré que les syndicats du site seront particulièrement vigilants à ce que les mesures prises par Naphtachimie "ne soient pas seulement politiques et sans résultat réel."

De son côté, la direction a expliqué que les incidents de torche n'étaient en rien liés avec ce délai. Par ailleurs, il a été rappelé que l'industriel poursuivait une politique d'investissement en vue de réduire de 30 % ses rejets de carbone à l'horizon 2030. Lors d’évènements sur leur site, les industriels de Lavéra comme ceux de l’étang de Berre, donnent des informations via le site internet Allo Industrie sur les évènements en cours : torche, exercice déclenchant une sirène, incident…

 

Article et interview réalisée par Gwladys Saucerotte

Photo Fred Munos

 

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