Martigues
-
Société
Martigues : Armen, le cordonnier historique tire sa révérence après 31 ans de service2min
Par Joey Temple09/03/2025 à 07:00
À l'aube de ses 65 ans, Armen Soukiassian part à la retraite. Installé dans le quartier de Jonquières depuis 1994, l'homme originaire d'Arménie était devenu une figure incontournable de l'artisanat martégal. Avant de laisser derrière lui des voisins et des clients fidèles, il va former et aider un successeur.
C'est la dernière fois qu'il baisse son rideau. Ce samedi 8 mars 2025, après 31 ans à soigner et à sauver les chaussures, les sacs, les bagages de ses clients, Armen Soukiassian a pris sa retraite. Sous son tablier bleu, le sexagénaire d'origine arménienne multiplie les pas. Dans sa petite boutique, les étagères semblent désordonnées, mais Armen ne tergiverse pas pour trouver chacun de ses outils.
Entre deux coups de marteau, il lève la tête pour saluer un passant. De l'autre côté de son comptoir, une femme, cliente depuis trois décennies, attend patiemment sa paire de bottines en discutant avec son cordonnier adoré. "C'est le passage obligé. À Jonquières, on passe, on lui dit bonjour, c'est génial. C'est beaucoup d'émotions", confie-t-elle au moment d'évoquer la fermeture de la boutique.
Réputé sur tout le pourtour de l'étang de Berre, Armen se lance dans un calcul rapide avant de lâcher un chiffre : "je pense que j'ai servi entre 2000 et 2500 clients par an." Des clients qui lui ont fait adorer sa profession malgré les contraintes.
Le cordonnier le verbalise lui-même, "ce métier a un mauvais côté. Il y a de la poussière, de la colle... tous ces produits sont cancérogènes." Pour autant, Armen ne cache pas son amour de la profession. "Je suis comme un poisson qui vit dans de l'eau pourrie, mais je suis bien parce que j'ai une clientèle que j'adore. Il y a une mentalité extraordinaire."
Soucieux de ne pas abandonner ses clients habitués, souvent des personnes âgées, Armen va former et accompagner un successeur. Également basé à Jonquières, le jeune homme choisi travaille aujourd'hui dans le nettoyage et la customisation de chaussures. "Je veux qu'il gagne son pain parce que ce qu'il fait uniquement avec son travail actuel, ça sera difficile. La cordonnerie, ça a une bonne rentabilité, s'il travaille bien", insiste le nouveau retraité.
Pour lancer son "successeur" dans le métier, il s'est engagé à le former et à lui léguer gracieusement toutes ses machines. Un dernier acte de bonté réalisé pour les Martégaux avant d'aller profiter d'un repos bien mérité. Bonne retraite Armen !
A lire aussi

Marseille
-
Société
Les trottinettes en libre-service sont-elles problématiques à Marseille ?

France
-
Société
Bistrots : l'Assemblée facilite l'obtention de licences IV dans les petites villes mais renforce le contrôle du marché

Marseille
-
Société
"Des gens du Mexique achètent des appartements au Panier pour les mettre sur Airbnb" : l'interview d'Anthony Krehmeier, maire des 2&3ème arrondissement à Marseille

Martigues
-
Société
De Clara Luciani à Inès Belloumou, découvrez l'exposition « Martégales célèbres »