Plus de 350 athlètes ont participé à ce championnat avec à la clé, pour les meilleurs, un ticket d'accès à la prochaine compétition européenne à Prague. Alors que les hommes s'affrontaient le samedi, nous avons suivi le concours femmes le dimanche.

 

Une autre dimension

 

Quand on pénètre dans la Halle de Martigues, on découvre un univers peu commun. 
Déjà, une bonne partie du public est composée de carrures XXXXL, donc pour une fois, on évite de jouer des épaules en mode "Faîtes place, je bosse moi !" et on adapte très naturellement son ton et son attitude en fonction du physique qui vous cache la vue : "Pardon monsieur, s'il vous plait, c'est Maritima, média local, auriez-vous l'extrême gentillesse de me laisser passer quelques instants, le temps que je fasse quelques prises de vue ? Merci d'avance, vous êtes bien aimable..."
Il y a des fois où il faut savoir mettre sa fierté dans son mouchoir.

Autre motif de surprise, le public se manifeste avec la même discrétion qu'à l'occasion d'un match de catch ou de boxe : "- Allez tata, t'es la meilleure ! ; - Vas-y chérie, cambre plus, oui, comme ça ! ; - Allez maman, t'es la plus belle !"
Car si elles paraissent tout droit sorties, comme des amazones, d'un film d'héroic fantasy, les candidates restent avant tout des femmes issues de toutes les catégories de la vie normale : célibataires, compagnes, mamans, tantes, épouses (ces statuts pouvant se cumuler)
En revanche, entre elles, s'il n'y a aucun coups échangés, c'est un véritable combat - quasi statique - qui se déroule en un seul round, certes, mais é-pui-sant.

 

L'enfer immobile

 

Car ne croyez pas assister à un défilé de mode : pendant toute la durée du passage sur scène face au regard aiguisé des juges, les athlètes sont en contraction musculaire constante et même lorsqu'elles paraissent être en pause sur le côté de la scène en attendant leur tour, aucun relâchement n'est permis. 
Ce qui entraîne une énorme consommation d'énergie, une déshydration expresse ainsi qu'une grosse fatigue. D'autant que, pour faire apparaître les muscles, les compétitrices se sont astreintes durant plusieurs mois à un régime draconien pour sécher le corps en réduisant au maximum le taux de graisse.
Résultat, proche de la scène, on remarque des sourires crispés à la limite du rictus et des jambes qui tremblent durant ces minutes interminables.
D'ailleurs, l'auteur de ce reportage en a fait lui-même l'expérience : confronté à ces physiques hors-normes et dans un réflexe d'amour-propre mal placé, il a bien tenté de rentrer le ventre avant d'abandonner très rapidement au bout de quelques dizaines de secondes.  D'abord parce que ça lui a fait rapidement très mal et surtout, parce que de toute façon, personne ne l'avait remarqué.
Car ici, même les juges sont des baraques. Et c'est là qu'on en vient à penser que si les arbitres de foot avaient ce même type de gabarits, les joueurs ne la ramèneraient pas autant et ne contesteraient plus leurs décisions. 

 

L'enfer des catégories

 

À Martigues, on a de la chance puisque le sélectionneur de l'équipe de France de bodybuilding est un Martégal. Et pas n'importe qui : Philippe Eichler fait partie des légendes du bodybuilding français auquel il a ramené plusieurs titres de champion du monde.
On ne va pas se le cacher, quand il nous détaille les différentes catégories de la discipline, tant masculines que féminines, on est vite perdu et on a du mal à saisir toutes les nuances qui permettent de les distinguer. Pêle-mêle : fitness, men's physique, bikini, body fitness, mens classique, classic physique, women's physique, wellness...
Et on en restera là, et même en consultant les sites spécialisés, on n'en ressort pas plus éclairé.
Sous réserve d'avoir bien compris, l'épreuve à laquelle on a assisté le matin et qui a nourri notre vidéo se rattachait à la catégorie "bikini" soit des silhouettes plutôt sveltes, toniques, galbés avec des muscles bien apparents sans toutefois être trop volumineux.

 

La fin des Schwarzie ?

 

Car c'est la tendance qui se dégage depuis plusieurs années. Si de plus en plus de monde se lance dans la discipline et que, tant hommes que femmes, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir concourir en compétition officielle, les physiques qui ont forgé la légende du bodybuilding (dont le plus connu reste Arnold Schwarzenegger qui, dans les années 70 et pour le titre le plus prestigieux, celui de Mr. Olympia, avait été talonné par... un Frenchie, eh oui, le magnifique et regretté Serge Nubret, alias la Panthère Noire), ces physiques hors du commun dans cette galaxie hors-normes - et qu'on désigne désormais comme "old-school" - tendent à se raréfier. Question d'époque.

Quant à la place de la France dans cette discipline, au classement mondial édicté par la fédération IFBB qui regroupe près de 200 nations, elle occupait une belle 7e position, les cadors restant chez les hommes les Iraniens et les Russes chez les femmes.

En vidéo

L'interview de Philippe Eichler, sélectionneur IFBB de l'Équipe de France ainsi que le témoignage, dans les coulisses de l'épreuve, de Lysa Leroy, 23 ans, originaire de la région de Dijon, qui concourait en bikini dans la catégorie des plus d'1,72 mètre (avec ses 1,78 m et ses quasi 12 centimètres de talons, elle tutoie ainsi le mètre 90 !). 
Et qui, vous le constaterez vous-mêmes, mérite déjà le titre de l'humour le plus musclé.