"Le 4ème département de France" en termes de distribution

 

Le chiffre est sans appel et illustre l'ampleur des besoins dans notre région. "Nous sommes le 4ème département de France à distribuer le plus de repas, ce qui représente en effet une très grosse précarité", a expliqué Alain Evezard. Une situation qui met les équipes de l'association sous une pression constante.

 

Le crève-cœur de devoir refuser du monde

 

Face à l'afflux de demandes, les Restos du Cœur sont contraints de s'en tenir à un barème national strict pour l'aide alimentaire. "On prend les ressources du foyer, on prend les charges, on en déduit un reste à vivre et si ce reste à vivre rentre dans le barème, les personnes peuvent prendre des denrées alimentaires", détaille le président.

Mais ce système, nécessaire pour gérer les ressources limitées, conduit à des situations déchirantes. "Oui, il nous arrive de ne pas pouvoir prendre certaines personnes parce que ça ne rentre pas dans le barème", a-t-il admis. Si ces critères étaient levés, le nombre de bénéficiaires pourrait potentiellement doubler, témoignant du nombre de personnes vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté.

 

Étudiants, travailleurs, personnes seules : les nouveaux visages de la précarité

 

Le profil des personnes accueillies a radicalement changé ces dernières années. Aux côtés des bénéficiaires historiques, on retrouve de plus en plus de "familles monoparentales, et surtout aussi des étudiants. Et les étudiants, plus ça va, plus il y en a", alerte Alain Evezard.

Un autre chiffre l'inquiète particulièrement : "30% des personnes accueillies aux Restos du Cœur sont des personnes seules". Pour elles, l'association est souvent le dernier rempart contre l'isolement. "Qui dit personne seule, dit aussi coupée des liens sociaux", insiste-t-il. L'accueil autour d'un café ou d'une boisson chaude devient alors aussi vital que le colis alimentaire, permettant de "faire du lien social".

 

L'appel urgent aux bénévoles et à la solidarité

 

Pour faire face à cette demande croissante, le rôle des bénévoles est plus que jamais "capital". "Depuis la crise de la Covid, on se retrouve avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui sont dans la nécessité de venir", explique le président. Les bénévoles "ont de plus en plus de travail", forçant même certains centres à étendre leurs horaires d'ouverture.

Face à cette situation, Alain Evezard lance un appel clair :

• Devenir bénévole : "Si on a 3, 4, 5, 10 bénévoles qui nous disent 'moi je veux bien vous offrir une demi-journée par semaine', et bien oui, c'est très bien, on sera vraiment contents."

• Le mécénat de compétences : Il encourage les entreprises à se tourner vers ce dispositif "gagnant-gagnant", qui permet à un salarié d'offrir son temps et ses compétences à l'association.

• Les dons et les collectes.

Car au final, l'engagement, qu'il soit petit ou grand, est récompensé par l'essentiel. "Pour nous, le plus important, c'est qu'on puisse avoir un sourire de la personne accueillie, et que ce sourire soit partagé", a conclu Alain Evezard. Un message poignant qui résume tout l'esprit des Restos du Cœur.

 

🎧 Écoutez ici l'interview complète d'Alain Evezard au micro de Didier Gesualdi 

 

Retrouvez l'invité de la rédaction sur maritima radio du lundi au vendredi à 8h15 et 12h15 au micro de Didier Gesualdi