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"Ne tuez pas la vape" : plus de 200 manifestants à Aix pour sauver des milliers d’emplois et un outil de sevrage tabagique7min
Par Norhène Ouerfelli05/11/2025 à 17:45
L'article 23 d'un projet de loi menace la survie de la filière vape en Provence. En assimilant la cigarette électronique au tabac, la loi pourrait entraîner la fermeture de 40 à 50% des boutiques et la suppression de milliers d'emplois. Un non-sens pour les gérants, qui défendent "l'antidote" au poison tabagique, un avis soutenu par les addictologues et la science.
En plein "Mois sans tabac", période où les solutions pour arrêter de fumer sont mises en avant, le secteur du vapotage est sous la menace d'un projet de loi, et notamment de son article 23. En France, ce mercredi, de nombreuses manifestations ont été organisées dans les grandes villes.
Une menace économique directe pour les PME locales
Les gérants de boutiques de vape dénoncent un projet de loi qui signerait, selon eux, la mort de leurs entreprises. Le cœur du problème est l'article 23 du projet de loi finances, qui vise à assimiler la cigarette électronique à un produit du tabac. "Le risque est fort parce qu'on est assimilé à tout ce qui est considéré les buralistes", explique François Malicet, gérant de HappeSmoke, qui compte 40 magasins dans le bassin méditerranéen. Les conséquences seraient drastiques : imposition d'un fournisseur unique, interdiction des remises, restrictions d'installation (impossibilité d'ouvrir à côté d'une école ou d'une église) et limitation du nombre de magasins par ville. L'impact économique serait immédiat, "40 à 50% des magasins de vape pourraient fermer", estime François Malicet. Un sentiment partagé par Morgan Vieville, directeur général de Vapoteur Discount, une entreprise de plus de 50 salariés : "Aujourd'hui, c'est 80% de nos effectifs qui sont menacés si cette loi passe". Les deux gérants insistent sur le fait que leur filière est composée de TPE et PME, et non de multinationales.
"Taxer la solution et le problème de la même manière"
Ce que les professionnels ne comprennent pas, c'est le paradoxe entre la lutte contre le tabagisme et les restrictions imposées à ce qu'ils considèrent comme une solution. "On ne comprend pas comment on peut taxer la solution et le problème de la même manière", s'insurge Morgan Vieville. "On est une solution au tabagisme". Une rhétorique partagée par François Malicet, qui parle de contre-productivité, "on a du mal à assimiler l'antidote et le poison. La vape aujourd'hui, elle sauve des milliers de personnes".
L'avis médical et scientifique soutient le vapotage pour le sevrage
Cette vision de "l'antidote" est largement soutenue par le corps médical spécialisé. Le Dr Claude Simonian, addictologue à l'hôpital des Rayettes à Martigues, est clair : la cigarette électronique "présente un bénéfice pour le sevrage tabagique". Il la décrit comme une "méthode complémentaire" efficace, notamment sur la "dépendance comportementale", c'est-à-dire la gestuelle, si difficile à perdre pour un fumeur. Le Dr Simonian insiste surtout sur l'écart de risque sanitaire : "Il faut rappeler que dans la vape, il y a quatre produits. La fumée de combustion d'une cigarette, c'est 4 000 substances, dont 70 qui sont potentiellement cancérigènes. Il n'y a pas photo". Il précise que la nicotine est le "cheval de Troie" qui crée l'addiction, mais que le danger pour la santé vient de la combustion du tabac, absente de la vape.
Une position corroborée par la recherche internationale
Une mise à jour de janvier 2025 de la prestigieuse revue Cochrane, une référence mondiale en matière de preuves médicales, a analysé 90 études portant sur près de 30 000 fumeurs. La conclusion est nette :
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Il existe des "données probantes d'un niveau de confiance élevé" indiquant que les cigarettes électroniques avec nicotine augmentent les taux d'abandon du tabac par rapport aux thérapies de remplacement nicotinique (TRN) classiques.
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En chiffres, le taux d'arrêt (sur 6 mois ou plus) est de 10 % chez les utilisateurs de vape à la nicotine, contre seulement 6 % chez ceux utilisant des patchs ou des gommes.
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L'étude n'a relevé aucun effet indésirable grave associé au vapotage.
L’article 23 en question
Au cœur des inquiétudes du secteur, l’article 23 du projet de loi de finances 2026 prévoit la fiscalisation de l’ensemble des produits à fumer, y compris la cigarette électronique. En assimilant la vape aux produits du tabac, le texte ferait peser de lourdes contraintes économiques sur les professionnels : hausse des taxes, restrictions d’installation et fin des remises commerciales. Pour la filière, majoritairement composée de TPE et PME indépendantes, cette mesure signerait une menace directe sur des milliers d’emplois et sur un outil reconnu de sevrage tabagique.
Une pétition est en ligne pour soutenir la filière de la vape face à ce projet de loi, elle a pour l'heure (mercredi 5 novembre à 15h), rassemblé plus de 183 000 signatures.
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